La cathédrale Saint-Etienne
au cœur des journées européennes du patrimoine 2024
Les Journées du patrimoine sont l'occasion rêvée pour visiter un monument emblématique. Pour moi, la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse s'impose d'emblée. Son retable m’a captivé dès le premier regard avec sa richesse. De même, l'architecture singulière du lieu, avec son chœur légèrement décalé par rapport à la nef raymondine, est aussi déconcertante que l'imposant orgue dominant majestueusement l'espace! ! Une déambulation commentée a été proposée par l’association Les amies de Saint-Etienne. Alors, prêts pour la visite pour en savoir plus ?
Fondée par Saturnin, 1er évêque de Tolosa, au IIIe siècle, la cathédrale est un monument unique, fusionnant deux styles architecturaux : une nef aux influences romanes et un chœur où s’affirme le gothique audacieux français. Sa construction inachevée et son architecture inhabituelle sont dues à une série d'obstacles : la succession d’évêques aux priorités variées, des guerres, un manque de financement, et même un incendie dévastateur en 1609. Aujourd'hui, les parties que l’on admire datent pour la plupart du XVIIe siècle. Cette cathédrale est donc un voyage à travers le temps, mêlant influences romanes, gothiques, et baroques, et chaque époque a laissé une empreinte qui rend ce monument fascinant.
Le grand orgue de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, classé monument historique, est le plus ancien de la ville, construit en 1612 par Lefebvre. Cet impressionnant instrument de 14 tonnes, entièrement réalisé en noyer et en chêne, se distingue par son installation « en nid d’hirondelle », suspendue à 18 mètres de hauteur. Il compte 3270 tuyaux, dont certains sont cachés à la vue, et arbore des sculptures invisibles au public.
L'accès à cet orgue requiert une certaine agilité, car l’organiste doit gravir un escalier en colimaçon caché dans la première chapelle pour atteindre l'instrument via une petite porte au-dessus des voûtes. Lors des concerts, une caméra retransmet les mouvements de l’organiste pour le public. Un concert gratuit a d'ailleurs été donné par le titulaire de l'orgue.
Fait intéressant, cet orgue est accordé au même diapason qu'un petit orgue de chœur, permettant parfois des performances en duo. Enfin, cet orgue a une touche royale : il a été joué par les musiciens de Louis XIV lors de sa visite à Toulouse avant son mariage avec l'infante d’Espagne, ajoutant encore à son histoire prestigieuse.
Peu de gens le savent, mais Pierre-Paul Riquet, le créateur du canal du Midi, repose dans la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Sa sépulture, discrète, se trouve dans une crypte souterraine marquée par quatre pierres rondes et accessible par des marches creusées dans la terre. Riquet y est enterré aux côtés de sa femme, de son fils, et de sa belle-fille, conformément à son souhait d'être inhumé dans sa paroisse de prédilection.
Œuvre de plusieurs artistes, le retable, achevé en 1667, est impressionnant par sa richesse. Il est orné du marbre rouge de Caunes-Minervois avec des éléments baroques qui semblent presque incongrus dans une cathédrale : les Atlantes, torse nu, des pots avec des fruits… Les 2 anges en haut sont en plâtre. Le retable est tout en pierre avec des ingrédients de marbre. On y voit le christ en croix. L'architecte qui a conçu le retable est Pierre Mercier. Il a laissé des niches pour les quatre évangélistes et la niche du milieu pour la lapidation de Saint-Etienne.
Les quatre évangélistes sont l'œuvre du sculpteur Marc Arcis, créateur de nombreuses sculptures du parc de Versailles. Leur style contraste fortement avec celui de la scène centrale, réalisée par Gervais Drouet, un sculpteur qui avait fait ses hautes études à la basilique Saint-Rome.
La lapidation d’Etienne est représentée avec un dynamisme saisissant. On y distingue trois points de vue et plusieurs plans. Des jambes et des bras s'échappent des niches, ce qui est bien audacieux au VIIe siècle. Les personnages semblent sortir du cadre, un choix artistique novateur pour l'époque. En s'approchant, on remarque des traits remarquablement modernes, bien éloignés de ceux de Marc Arcis. Certains personnages sont dotés de perles de verre à la place des yeux. Dans cette composition, Saint-Étienne est entouré de figures violentes en mouvement, lapidant l'innocent condamné à mort hors des murs de Jérusalem. La ville est représentée en trompe-l'œil. Saint-Étienne, placide, lève les yeux au ciel, illuminé par une lumière artificielle, autrefois zénithale. Vêtu de sa dalmatique en marbre de sarancollin, ornée de bronze, il arbore également des pierres semi-précieuses jaunes.
Le résultat est une représentation vivante et émotive de la lapidation d'Étienne. Gervais Drouet était bien fier de son œuvre. Il a laissé cette inscription derrière un pilier : « Seul Gervais Drouet a réalisé le lapidement de Saint-Étienne », soulignant ainsi son désir de ne pas être confondu. Ce tableau est d'une originalité frappante et d'une construction réfléchie, résultant du travail de 3 artistes qui ont su donner un sens profond à cette œuvre baroque.
Reste à signaler que St-Etienne, qui est représenté à maintes reprises dans la cathédrale sur des sculptures, des tableaux, des vitraux, est également présent à côté du Christ dans les verrières surplombant le retable. Rappelons en l’occurrence que la cathédrale est aussi surnommée « le musée des vitraux » en raison de ses vitraux exceptionnels qui s’étendent du XIVe au XXe siècle."
Ce que je viens de partager n'est qu'un petit aperçu des merveilles de cette cathédrale qui nous ont été révélées grâce à Mme Catherine MAILLARD, vice-présidente de l'association Les amis de Saint-Etienne. Un grand merci à elle !
Alors soyez vous aussi amis de la cathédrale et n'hésitez surtout pas à vous y rendre pour en profiter pleinement !
Nada
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