Durant mon adolescence, les soirées se passaient souvent devant le petit écran, un rituel partagé dans la douceur de la maison familiale. J’étais fasciné par les visages charismatiques d'acteurs comme Jean-Paul Belmondo, dans Le Marginal, L'As des As, et Le Professionnel. J'étais transporté par son énergie magnétique, ce héros au regard intrépide qui semblait défier le monde d’un simple sourire. D'autres fois, c'était l’univers tragique et intense des Misérables qui envahissait notre salon, avec les performances puissantes de Lino Ventura, Jean Carmet, et Michel Bouquet. Ces acteurs dégageaient une authenticité brute, comme s’ils portaient sur leurs épaules toute la gravité des personnages qu'ils incarnaient.
Entre 1987 et 1990, mon père, professeur de français passionné de culture, organisait régulièrement des sorties à Paris pour ses élèves, afin de leur faire découvrir la magie du théâtre. De temps en temps, il m’invitait à me joindre à eux, et ces excursions devenaient pour moi de véritables aventures. Assister à des classiques comme L’Avare avec Michel Bouquet ou Cyrano de Bergerac avec Belmondo m’a profondément marqué. Voir sur scène ces acteurs que je connaissais du petit écran était un choc visuel et émotionnel.
À l'époque du lycée, je voyais quelques-uns de mes camarades s’essayer au théâtre lors de représentations scolaires. Leur audace m'intriguait et me donnait une envie sourde de monter, moi aussi, sur scène. Pourtant, par timidité ou manque de confiance, je restais en retrait, contemplant cet univers de loin. Ce n’est qu’en 2003, lors de mon arrivée à Toulouse, que cet intérêt s’est intensifié. Avec des amis, nous fréquentions régulièrement les salles du Grand Rond, du Fil à Plomb ou du Sorano, où l’intimité des lieux donnait une intensité particulière aux pièces. C’est là qu’une comédienne que je connaissais m’a encouragé à suivre ses cours pour débutants. C’était une initiation captivante, mais je n’étais pas encore prêt à m’y consacrer pleinement.
Des années plus tard, en 2024, la passion refoulée refit surface. Cette année-là, je décidais de franchir le pas et de m’inscrire à un atelier théâtre organisé par REFLET 31. C’était un mardi de mai, et je me souviens encore de la nervosité qui me serrait le ventre en pénétrant pour la première fois dans cette salle. Là, sous la bienveillance d'Enrico Clarelli, notre professeur et metteur en scène, je découvrais les premiers rouages de cet art, ses subtilités, et ses exigences. Son enthousiasme et son talent étaient contagieux, et il n’a pas tardé à éveiller en moi une passion que je n’imaginais pas aussi forte. Le jeudi, un atelier photo venait compléter ce parcours, un exercice de réconciliation avec mon image, qui me permettait de gagner en confiance, aussi bien en moi-même qu'envers le regard des autres.
Ces mardis et jeudis devinrent rapidement des moments attendus et précieux, où une véritable complicité s’était installée entre les membres de l’atelier. Nous formions plus qu'une troupe ; c’était comme une famille, unie par cette même soif de se surpasser et de se livrer sans retenue sur scène. Le 23 juillet, nous jouions notre première représentation au Manding’Art, un moment intense où chaque regard, chaque applaudissement vibrait en moi. À la fin de ce spectacle, je n’avais qu’une obsession : continuer le théâtre, explorer encore cet art aux mille facettes. En octobre, j’ai rejoint un nouveau cours, prêt pour une nouvelle aventure et l’envie de repousser encore les limites.
Samuel
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